Franck Sorbier Haute Couture Automne Hiver 2021-2022

Franck Sorbier Haute Couture Automne Hiver 2021-2022. Évaluation rédigée par Eleonora de Gray, rédactrice en chef de RUNWAY REVUE.

L'une des collections les plus poétiques et impressionnantes de la semaine de la mode Haute Couture Automne Hiver 2021-2022 à Paris. Caftans magnifiques, tricots fabuleux, tissus doux et luxueux, appliques – le merveilleux conte de fées de la Haute Couture, l'histoire d'une princesse française dans les bois. L'histoire d'un grand maître Franck Sorbier.

Maria Grazia Chiuri, directrice artistique de Dior, qui se débat et essaie ses chemins dans la même direction, pas dans ses rêves les plus fous serait en mesure d'atteindre ce grand art et artisanat de Franck Sorbier. L'argent ne peut pas acheter le talent, n'est-ce pas ?

Les vêtements royaux de Franck Sorbier sont ce que représente la Haute Couture – raffinement de l'artisanat et excellence.

Franck Sorbier Haute Couture Automne Hiver 2021-2022 par RUNWAY MAGAZINE
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L'Esprit des lieux
CHAALIS

Le serviteur, le passeur et la relique.
Le titre sonne comme une fable philosophique, un conte onirique, une croyance partagée par des croyants de tous horizons. Mais il parle surtout, malgré ses références rétrogrades, d'une actualité de plus en plus brûlante au sujet de la richesse et de la pauvreté.
Il y a quelque temps, le magazine « L'Histoire » titrait « Les riches et les pauvres, 1000 ans d'inégalités ».
Loin de moi l'idée de toute morale ou d'un procès d'intention. Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de mal à choisir la direction de cette collection.
Pour être honnête, je n'ai pas voulu choisir et chaque personnage a finalement trouvé sa place. » Le Serviteur, le Passeur et la Relique.
La Servante incarne une fille des bois, des clairières et des étangs. Une paysanne qui évolue dans un univers bucolique qui traduit mon envie de dépaysement.
Un paupérisme inspiré d'une série de photographies de l'artiste Jackie Nickerson qui a photographié des ouvriers agricoles au Zimbabwe en 1996, et qui a souligné les vêtements uniques et magnifiques que les ouvriers eux-mêmes confectionnaient. Une identité, une individualité et une modernité à toute épreuve.
Les silhouettes s'approprient les influences traditionnelles de l'Europe mais les ayant lavées de tout folklore coloristique.
Francisco de Zubarán, grand peintre baroque espagnol et son compatriote, José Ortiz Echagüe, photographe adepte du pictorialisme, m'ont également accompagné dans cette quête d'authenticité.
Blanc, écru, ivoire, beige et grège composent la gamme des modèles.
Une robe «roumaine» à jupe est la base de l'histoire des tenues de la Servante.
On vient ensuite s'ennoblir en superposant capes, imperméables, gilets, vestes courtes, châles…
Les matières sont d'aspect brut ou rustique, un mélange de lin et de soie, de soie et
coton, soie et viscose, organza plastifié, jacquard effiloché, laine mèche et fil, laine bouillie, crochet et velours plissé style Mariano Fortuny y Madrazo.
Le passeur fait connaître et propage un ouvrage, une doctrine, un savoir. Il est l'intermediaentre deux cultures et deux époques.
Le passeur, ainsi nommé, est aussi un miroir à deux faces. Vous le découvrirez blond dans une toge blanche néoclassique mais aussi marron, dans un pull noir de feu, drapé d'une cape flottant comme un étendard.
Jean-Jacques Rousseau, qui n'a jamais quitté mes pensées, est de nouveau présent à Ermenonville, non loin de Chaalis. Il y vivra les dix dernières années de sa vie.
Ici, il est au cœur de ses convictions profondes, celles liées à la nature. Il y fit notamment construire le Temple de la Philosophie Moderne, surplombant le lac d'Ermenonville.
Les lieux portent des noms évocateurs, le « sentier des écrivains », la « pierre aux sorcières », la « mer de sable », la « promenade du rêveur ».
Plus tard, Etienne Pivert de Senancour et Gérard de Nerval ont fait de cette terre, déjà imprégnée de spiritualité, l'un des berceaux du romantisme littéraire français.
Le Domaine de Chaalis, au cœur de la forêt d'Ermenonville, a été le cadre naturel du film.
Nélie Jacquemart-André, dernière propriétaire de l'Abbaye Royale de Chaalis et célèbre collectionneuse d'art, disait « c'est l'un des paysages les plus admirables de France ». Cette ancienne abbaye cistercienne, fondée par le roi Louis VI au début du XIIe siècle, a connu de nombreuses transformations depuis sa fondation, mais les vestiges de son église abbatiale témoignent de sa grandeur passée.
L'abbaye Saint-Guillaume était, au Moyen Âge, un puissant centre économique et intellectuel, proche de Paris. De nombreuses personnalités et rois de France fréquentaient régulièrement l'abbaye pour échanger avec les moines, comme le roi Saint Louis.
Après avoir connu une période de déclin à la fin du Moyen Âge, le domaine renaît de ses cendres à la Renaissance. Les fresques du peintre italien Primatice en témoignent.
Malgré les outrages du temps, le Domaine de Chaalis est resté un écrin de verdure renfermant de nombreux trésors. Un lieu d'inspiration qui est aujourd'hui la propriété de l'Institut de France.
J'avais, depuis longtemps, en archives, de sublimes images de reliques bavaroises du magazine FMR
Il y a quelques mois, dans une librairie, j'ai vu, à mon grand bonheur, un livre intitulé « Les trésors des catacombes ». Je trouve de nombreuses photographies de ces reliques.
Mais qu'est ce que c'est exactement?
L'auteur du livre raconte que dans les années 1723, un squelette complet étiqueté comme celui de Saint Albert est arrivé dans une petite église en Bavière. Ce squelette était magnifiquement orné par une religieuse nommée Pontentia Hämmerl.
Des fils d'or, des pierres précieuses, des perles fines ont été brodés ou incrustés sur les os. Les reliques étaient également vêtues de tissus précieux et exposées dans des vitrines.
J'y ai vu un rêve d'éternité et comme j'avais envie, moi aussi, d'opulence, nous avons créé notre propre relique et l'avons habillée de manteaux en jacquards d'esprit floral et papier de cuve, en brocart minéral, en damas grec orthodoxe, dans les tons baroques.
Pièces brodées entre-deux de dentelle mécanique or et cuivre, perles d'eau, bords froncés et guipures or pâle.
Ces reliques étaient l'objet de dévotion et d'émerveillement. Ils avaient aussi pour mission d'être les ponts entre les vœux des prieurs et les cieux.
Alors, fable, conte, croyance ou simplement allégorie.
Cette saison, c'est avant tout une intention simple, celle du questionnement.
Franck Sorbier

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Envoyé de Paris, Le Marais, France.