Lanvin Automne Hiver 2022-2023. Revue par Eleonora de Gray, rédactrice en chef de RUNWAY REVUE.
Bruno Sialelli, qui dessine aujourd'hui pour Lanvin, a décidé de revenir à l'héritage, à l'identité et à l'ADN de la marque Lanvin. La décision est une chose, la capacité en est une autre. La nouvelle collection Lanvin n'a pas l'air art déco, elle a l'air très sombre. Les modèles choisis pour présenter la collection, ne ressemblent en rien aux dames du début du XXe siècle. À l'époque, les gens considéraient cette époque comme une «ère dorée», des inventions fabuleuses, de la lumière, de l'électricité, de la lumière, des voitures, des trains, de la danse Charleston et des vêtements gais.
Bruno Sialelli a opté pour le velours, et quelques détails déco. Eh bien, il ne suffit pas d'atteindre le grand patrimoine de cette maison. Quelque chose à remarquer - chaussures pour hommes. Ce sont des hybrides très funky entre classique et sportif. C'est une découverte intéressante et une invention de la maison pour cette saison.
Communiqué de presse
L'illusion de la mode, la finesse de l'artisanat. La collection Lanvin Automne/Hiver 2022 de Bruno Sialelli célèbre les paradoxes et les contradictions de la mode ainsi que les jeux de contrastes qui ont animé le travail de Jeanne Lanvin. Entre opacité et transparence, rigueur et douceur, nostalgie et modernisme, il illustre le regard universel porté par une maison résolument parisienne. Cette collection reflète l'héritage de Lanvin et, comme tout reflet, c'est une illusion qui détourne, réinvente et réinterprète les codes de Jeanne Lanvin de manière contemporaine.
Le cinéma est illusion : fumée et miroirs, clair-obscur et fantasme. Le glamour d'Hollywood était perçu comme la première réalité augmentée, un moyen d'évasion. Inspirée de l'essor cinématographique de l'entre-deux-guerres, époque de prouesses créatives et de prospérité pour la maison Lanvin, la collection se dévoile dans un court-métrage riche en reflets et échos, ténèbres et lumières définitivement influencés par le film noir.
Les silhouettes sont resserrées, les épaules marquées par une audacieuse cambrure que l'on retrouve dans les manteaux et combinaisons, mais aussi dans les robes souples qui soulignent l'opposition entre netteté et fluidité. Un sens profond de la finesse, de la rigueur et du raffinement inspiré de l'héritage de la maison prévaut, tous genres confondus.
La présentation des costumes pour hommes est d'un chic intemporel. Ces dernières s'accompagnent d'un foulard ou d'une chemise à cravate et les baskets deviennent des chaussures habillées. Les vêtements pour femmes sont coupés avec précision et richement brodés. Elles se portent avec des Mary Janes à talons hauts ou des sandales en cuir de veau.
La collection s'inspire du style Art Déco qui, bien que séparé de l'Égypte ancienne par des milliers d'années, est fondamentalement façonné par celle-ci. Les années 1920 sont profondément marquées par la nature graphique de l'art et de l'architecture égyptiens : le futur né du passé. Parfait rappel de cette période, les bijoux évoquent une atmosphère égyptienne avec les formes abstraites de feuillages et de gouttes d'eau, à l'image du flacon d'eau de parfum « Arpège ». Même le sac stylisé « Cat » est un clin d'œil inattendu à l'Égypte. On salue également la poursuite de la collaboration avec Judith Leiber qui donne naissance à une minaudière en forme de précieuse tulipe en fleur parée de bijoux.
De manière plus abstraite, d'autres vêtements sont incrustés de fragments d'histoire : un dos en gazar de laine aux fines coutures princesse, un empiècement en velours dessinant une taille évoquant un autre vêtement. Les intérieurs dépouillés et non doublés célèbrent la magnificence de la couture. Artisanat de la couture et artisanat de l'image.
Jeanne Lanvin elle-même a retracé l'histoire de la mode et retravaillé les robes en empruntant des volumes du XVIIIe siècle pour la femme moderne. Illusion encore, ces robes aux formes légères semblaient flotter dans les airs. La collection Automne-Hiver 18 revisite cette silhouette et cette idéologie : des robes fragiles en dentelle de soie bouillonnent autour des corps, volumineuses et voluptueuses, en apesanteur, pour rappeler la fleur signature de Lanvin, la marguerite, parfois dessinée en perles de caviar. D'autres robes sont illusoires, suspendues par du tulle, en lévitation autour du corps dans des drapés de soie et de velours tirés de pièces originales Lanvin remontant à l'histoire de la maison jusqu'en 2022, mais recollées, devenant inédites.
Illusions et mirages du passé, projections et prédictions d'un futur. Tous sont ici ancrés dans le langage et l'héritage inimitables d'une maison de couture parisienne.
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